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John Fox d’Arlon publie « Chiens de guerre »

"Chiens de guerre" Roman de John FOX

« Chiens de guerre » Roman de John FOX

A propos de l’histoire:

Une bande de mercenaires est engagée par le gouvernement d’un des pays de l’est pour aider à anéantir une armée de rebelles, car l’armée régulière patauge dans ce conflit interne.

Ces rebelles mettent le pays à feu et à sang, les NKZ: des terroristes sans scrupules qui massacrent tout, pour le bon plaisir de leur mégalomane et sadique chef.

Ce dernier détient, outre des armes conventionnelles, de l’armement nucléaire et bactériologique.

Jee Balden, tireur d’élite et George Mac Gregor major de l’armée britannique, de vieux amis, sont aux commandes des mercenaires.

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Un extrait de « Chiens de guerre ».

Le déclin du soleil offrait au ciel cette teinte rouge, accentuée par la couleur rouille des montagnes. Aucun nuage ne venait perturber la parfaite alliance de lumière entre l’astre et l’horizon.
Une belle et douce soirée d’été s’annonçait. Les tirs d’artillerie et les bombardements aériens, d’une violence inouïe, avaient cessé depuis trois jours. Le petit bourg en avait fortement souffert, en témoignaient ses rues jonchées de gravats. La sérénité naturelle de la vallée de Gerzcska était revenue, subitement, comme s’il ne s’était rien passé et avait rendu aux habitants un espoir de liberté. Ils commençaient timidement à s’aventurer hors de leurs abris de fortune.
Mirek enfila un vieux vêtement kaki trouvé au détour d’un bois, et décida d’aller constater les dégâts occasionnés aux récoltes. Il sortit par derrière et contourna la chapelle orthodoxe avant de prendre le sentier qu’il parcourait si souvent. Le paysan se passa les doigts dans les cheveux et fit la moue quand il découvrit le désastre. Lui qui travaillait si dur pour obtenir si peu, il fallait qu’aux caprices de la nature s’ajoutent ceux – plus graves encore – de ses semblables.
À peine arriva-t-il au centre du champ torturé par les impacts d’obus, que son crâne éclata comme un potiron trop mûr. Son corps fut violemment projeté en avant, s’effondra, et son sang alla se confondre avec la terre pourpre, déjà gorgée à saturation de la folie des hommes.

Un autre extrait…

Décollant son œil de la lunette de visée, la mine ravie par ce tir sans faille, Balden se dit qu’il s’était encore payé un de ces pourris de la NKZ. Il avait d’ailleurs identifié l’homme à sa tenue de treillis. Avant d’appuyer sur la détente, il avait longuement observé sa cible. Cinq cents petits mètres séparaient la tête de l’individu (c’était son truc), de la bouche du canon de son DTN 420. Sans vent, buter cette ordure avait été, pour lui, aussi simple que de descendre des pipes à la foire. Le projectile – de sa fabrication – dont l’ogive creuse renfermait une bille de mercure, pénétra au creux de la nuque et atomisa littéralement boîte crânienne et cervelle.
Ces terroristes, Balden les haïssait, il les traquait avec acharnement et se surprenait parfois à aimer tellement cela qu’il en souhaitait que cette guerre ne finisse jamais. Cette pensée lui procura un frisson de plaisir, c’est cela qu’il craignait: lui, un père de famille, en avait déjà exterminé tant d’autres à travers le monde! Bref, il n’était pas venu ici pour se donner des états d’âme, mais pour contribuer à la construction d’une démocratie baignée d’une paix durable: quelle ironie! C’est en tout état de cause ce que lui disaient souvent ses employeurs.
De toute évidence, que ce soit ici ou ailleurs, il aurait toujours du travail. Ce n’étaient pas les guerres qui manquaient sur la croûte de cette merveilleuse planète bleue (ou rouge?). Dans son métier, le chômage n’existait pas, que du contraire, il devait parfois s’adjoindre un ou deux tireurs auxiliaires pour abattre le travail plus efficacement.
Sa femme – là-bas, en Nouvelle-Zélande – le croyait journaliste, grand reporter, un métier dangereux mais tellement rentable. Elle avait déjà vu les photos insoutenables que Balden se complaisait à prendre au cours de ses missions. Il les vendait chèrement à un quotidien; ce complément pécuniaire non négligeable engraissait copieusement le tas de fric qu’il possédait sur son compte à Zürich.
Lui, ce pognon, il s’en fichait. Cette petite fortune reviendrait un jour à sa femme et à ses deux gosses, Melissa, seize ans, et Kevin, onze ans, le jour où il ne rentrerait plus. Ça pouvait être n’importe quand. La mort ne comptait plus dans ce milieu. C’était peut être même l’aboutissement d’une recherche. Il n’en savait rien.

Jee Balden était fatigué, il avait hâte de rentrer à la base, de se débarrasser de son camouflage par une bonne douche et de se restaurer en arrosant le coup avec les copains. La cicatrice qui lui barrait diagonalement le front se remit à le démanger: Signe de pluie, pensa-t-il en levant les yeux. Pourtant, avec ce ciel sans nuage…
Ce stigmate, il l’avait gagné lors d’une opération de nettoyage au Proche-Orient. Repéré, il avait subi les représailles d’un tir nourri de mortier, dont un des shrapnels faillit lui défoncer l’os frontal. Cette expérience et la prudence lui firent opter pour un fusil dont la détonation, très sèche, ne s’entendait nettement qu’à une cinquantaine de mètres. Une mécanique de haute précision, fabriquée sur mesure, fonctionnant comme les rouages d’une horloge suisse et qu’il bichonnait comme une Rolls.
Il replia l’arme, la rangea dans son étui de cuir et sortit calmement de sa cache. Rien à craindre de ceux d’en face, ils ne découvriraient le corps que lorsqu’il serait loin.

Comme d’habitude, ce bon vieux George Mac Gregor dégustait un de ses havanes en longues et voluptueuses bouffées. Ce jouisseur d’Écossais fermait les yeux à chaque fois qu’il tirait sur son cigare ou qu’il buvait une gorgée de St John, son whiskey favori. Le nectar, comme il l’appelait, dont il sirotait rituellement une bouteille chaque soir à la même heure et quelques fois même à certains moments très matinaux.

Plongez au cœur de la guerre..

C’était un vieux de la vieille, il connaissait toutes les ficelles de la guerre et de l’intox. Rien ne lui échappait et il devançait souvent les intentions de l’ennemi. Mac terminait une carrière militaire dans son pays. Une carrière bien remplie, entrecoupée de congés sans solde, qu’il convertissait en vacances très rémunératrices, passées dans les coins chauds de la planète. Il n’essuya, durant sa vie de soldat, qu’une déception: la guerre des Falkland.
Sa grande stature de pur rouquin était pourvue d’une ossature à l’épreuve des grenades à frag. L’aspect dur du personnage imposait le respect d’une manière radicale. Il était cependant d’une humeur rieuse et sympathique. Mais surtout, tout son être témoignait du bon vivant. Un homme qui savait profiter de chaque instant de la vie, sachant ô combien elle est précieuse.
– Salut Jee! Tu as fait bonne chasse?
– J’en ai eu qu’un aujourd’hui, ils se planquent toujours, à part quelques villageois qui commencent à sortir timidement de leurs caves. Quand je pense que ces salauds ont eu le culot de s’en servir comme bouclier humain!
– Ouais! des fumiers ces NKZ.
– Je vais me doucher, tiens-moi un de tes barreaux de chaise au chaud, George, tu veux?
– OK, à tout à l’heure!

Depuis son action, Balden avait un pressentiment bizarre, comme une rengaine, qui revient sempiternellement en tête et dont on ne parvient à se défaire. L’impression insistante qu’une erreur de cible avait précipité et faussé son implacable et définitif jugement.
L’eau trop chaude de cette saloperie de douche ruisselait le long de ses muscles douloureusement tendus. Cela ne parvenait toutefois pas à le détendre, toujours cette putain d’impression. Cet homme, qu’il venait d’effacer, n’avait pas l’air d’un soldat. Quelque chose dans sa démarche trop nonchalante, son allure sans méfiance, détonait de celle, typique, du guerrier soumis à la menace. Il n’y avait pas prêté attention au moment d’ouvrir le feu. Après tout, cela faisait seulement trois jours que les bombardements avaient cessé. Jee Balden se mit à douter pour la première fois de sa carrière. Des jours et des nuits entiers, passés à guetter l’ennemi au travers de sa lunette, l’avaient recru.
Mac Gregor était toujours au salon, un des baraquements de la base plus luxueusement aménagé avec quelques caisses de munitions en guise de tables. Balden se servit un triple cognac, emporta le flacon et rejoignit son camarade étendu dans un hamac. Il s’assit face à lui et voulut, distraitement, lui servir un verre de sa bouteille. Les poils, déjà raides, de la barbe de l’Écossais se dressèrent encore, telle une échine agacée.
– Eh! fais pas ça, iconoclaste! Tu vas gâcher mon nectar avec ta merde de jus froggie. Tiens fume un cubain, ça te réchauffera les sens!
– Dis-donc Mac, j’ai la sale impression d’avoir dégommé un pauvre type à la place d’un de ces salauds. Ah, putain! Oui, j’ai cette sale impression. Je l’ai pourtant observé longtemps!
– On fait la guerre, petit. Il y en a toujours, des innocents qui prennent. Et qui te dit qu’ils sont vraiment innocents?
– Mais c’est moche. Je l’ai compris trop tard.
– Il a pris une de tes prunes au Hg?
– Allumé en pleine tête. T’as raison, faut pas que j’me bourre le mou avec cette histoire. Qu’est-ce qu’il y a à becqueter ce soir?
– Certainement la même merde que d’habitude, je t’accompagne.
Ils burent d’un trait leurs verres et se dirigèrent vers le mess. Leur groupe, une vingtaine d’hommes, se tenait toujours à la même place, dans le fond à gauche. Les extérieurs on les appelait, pour ne pas dire mercenaires. Des types de tous poils et de toutes nationalités. Par exemple, Freddo – un petit français méridional – était spécialisé en explosifs et plus particulièrement en bombes spéciales. Freddo, un nerveux bagarreur, qui adorait chercher noise. Il aurait fallut le disséquer et l’examiner au microscope pour y trouver un bon fond. Tous ceux qui l’avaient côtoyé se demandaient comment cet énergumène était encore en vie. Il devait y avoir un Dieu pour les salauds. Ce personnage les avait fait toutes. De l’acte terroriste pur à la guerre telle qu’on l’entend. Un opportuniste dont la seule moralité était uniquement motivée par l’appât du gain. Tant que le pognon coulait, d’où que ce soit, il agissait, contre qui que ce soit. Rien à foutre. Il était couvert de cicatrices, empreintes indélébiles de ces frasques. Mes tatouages!, il appelait ça. Ça fait tomber les gonzesses!, du moins il y croyait.
Mac Gregor et Balden passèrent se servir au comptoir. Le cuistot, un grand type qui avait dû apprendre son métier partout, sauf à l’école hôtelière, garnit leurs gamelles de chou accompagné de saucisses. Le tout, arrosé d’une sauce qui n’avait rien à envier à une marée noire, avait été bouilli et dégageait une odeur du plus bel effet vomitif.
– Après tout, t’as eu raison d’emporter ton flacon de cognac. Je m’en taperai un coup pour pouvoir engloutir cette merde. Bordel, quelle saloperie. Pouah!
– Tu vois Mac, les froggies ne fabriquent pas un si mauvais schnaps après tout!
– Ok, ouais! Ok, mon gars! Oublie ça!

Ils passèrent devant l’apparente indifférence des hommes de troupe et rejoignirent la table qu’on leur avait assignée. Une façon de marquer les différences et d’éviter la promiscuité. Mais ils s’en fichaient éperdument, à quoi bon s’attarder à des futilités, quand la mort vous sert parfois de digestif en vous sortant les tripes de leur sac de viande.
Bien qu’ils leur doivent souvent une fière chandelle, pour les nettoyages qu’ils effectuaient sur le terrain, les soldats de l’armée régulière ne les aimaient pas, les craignaient même. Ces types n’étaient pas comme eux. Eux faisaient la guerre par nécessité, pas par goût. Et seule leur liberté en dépendait, pas l’état de leur compte en banque.

Balden et Mac Gregor mangèrent le nez pincé. Ils en avaient pourtant bouffé des saloperies, mais ce cuistot avait certainement remporté la palme en la matière. Le style infect, il devait s’y complaire. De toute manière, il était bien le seul à ne pas se plaindre de ses préparations. Ou alors, il ingurgitait du potable en douce. Seule la faim les fit achever ce repas pour hyènes, aidés par de grandes rasades de cognac bues à même le goulot.

Freddo les nargua:
– Des rosbifs au cognac, on aura tout vu!
– Ferme ta gueule frenchie, par pitié ferme ta grande gueule. J’ai pas envie de me taper tes salades à la con. Occupe-toi de ton boulot, uniquement de ton boulot. T’es seulement là pour ça, le job qu’on te dit de faire, tu m’as bien compris?
– Pas d’humour le néo zed, hein? Sniper de mes fesses!
– Écoute-moi bien frenchie, si tu continues à nous emmerder avec tes débilités, je te désosse. Je suis pas d’humeur à plaisanter avec une petite frappe dans ton genre. Je te dis que t’es ici pour fabriquer et placer tes pétards, c’est tout. Tes sarcasmes de merde tu te les colles au cul et tu t’entubes un bouchon par-dessus, c’est clair? M’emmerde pas!
– Oh! Balden, t’es susceptible?
– Ouais, t’as mis le doigt dessus.
Freddo, la mine renfrognée, la boucla et continua à taper le carton avec les autres. Sa frime n’avait jamais impressionné personne et surtout pas Balden. Le gabarit du Néo Zélandais, plutôt bien fourni, ne lui donnait pas vraiment l’envie d’une altercation. Bah! il l’aurait autrement, comme il en avait déjà crevé d’autres, plus sournoisement. Par surprise et sans témoin, ça paie mieux, moins de risques, ni vu ni connu.
Balden repris une gorgée de cognac et, la bouteille vide, se leva en proposant à Mac Gregor de rejoindre le salon. Ce qu’ils firent. Au moins, là-bas, ils pouvaient discuter et plaisanter entre gens intelligents. Ils y seraient peinards et il y avait la réserve de St John de Mac Gregor.

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